Entretien avec M.Luck Eyaga, Acheteur junior chez SENICO S.A
1. GLT: Bonjour M.Luck Eyaga, merci pour votre disponibilité pour cette interview. C’est un réel honneur pour GLT Média Branche médiatique du Groupe Gabon Logistics et Transports et pour notre audimat qui vous découvre pour la première fois sur nos plateformes.
Pourriez- vous, succinctement, vous présenter et nous parler de votre parcours académique et professionnel ?
Bonjour Team GTL,
Sachez que j’en suis vraiment ravie et c’est avec grand plaisir que je réponds à cet interview.
Je suis Luck Eyaga fang de père et punu de mère née à port-gentil. J’ai eu un baccalauréat de série A1 au lycée catholique saint pierre claver de bamboro à Lastoursville. Suite à cela, je me suis intéressé au monde de la supply chain et j’ai décidé de poursuivre mes études au Sénégal. J’ai obtenu une licence 3 en logistique et transport et un master 2 en supply chain management à l’institut africain de management de Dakar (IAM).
Concernant mon parcours professionnel, j’ai eu l’occasion d’avoir un stage à l’Asecna plus précisément à l’Ernam. J’étais au département achat/approvisionnement en tant qu’assistant, je faisais de la gestion du magasin sur les entrées et les sorties, la réception de la marchandise à la livraison, l’inventaire de stock, je faisais aussi des consultations fournisseurs pour des demandes de cotation et j’assurais le suivi du processus demande d’achat jusqu’à l’obtention du bon de commande signé pour enfin envoyer au fournisseur.
Après cela, j’ai travaillé dans un call center appelé Quality Center à Dakar Plateau en tant que commercial client. Je faisais de la vente de forfaits avec avantage smartphone sur la campagne de Bouygues Telecom.
Et enfin, quelque temps après l’obtention de mon master 2, j’ai commencé à travailler à SENICO, une entreprise de la place exerçant dans le domaine de l’agroalimentaire. J’ai commencé en tant qu’acheteur technique et aujourd’hui acheteur matière première et emballages.
2.GLT: En quoi consiste votre métier, plus précisément, quelles sont vos missions, objectifs, activités menées au quotidien. Et quels sont globalement les résultats attendus par votre hiérarchie ?
– La vie quotidienne de l’acheteur ;
En tant que supply chain junior plus précisément acheteur (une partie prenante de la supply chain), mon rôle principal est de satisfaire les clients internes ou encore appelés demandeur en répondant à temps aux besoins exprimés afin d’éviter des arrêts de production et tout en permettant à l’entreprise d’optimiser ses achats. Les besoins sont exprimés en termes de demande d’achat à travers l’ERP (Sage X3 utilisé), et par la suite, nos missions sont de les traiter en lançant des demandes de cotation, faire des comparaisons d’offres et transformer ces demandes en bons de commande, toujours à travers l’ERP après sélection du fournisseur. Sélection du fournisseur qui se fait selon le prix, la qualité et les délais en fonction du type d’article ou de service souhaité. Ensuite, ayant le bon de commande, par exemple pour des demandes en local qui sont moins complexes, je dois m’assurer du suivi des livraisons et surtout du respect des dates communiquées par le fournisseur. Pour les demandes à l’import, après avoir tout négocier (faisant allusion au prix, condition de paiement et au incoterm de vente) et validé le fournisseur, il faut se munir de certains documents douanier tels que la DPI (Déclaration Préalable à l’Import) si la valeur de la marchandise dépasse 500 000 Franc CFA selon les réglementations de la douane au Sénégal, l’ AC (Autorisation de Change), l’AI (Autorisation d’Importation), pour enfin pouvoir soit payer l’acompte aux fournisseurs ou donner le feu vert pour l’expédition de la marchandise en cas de paiement à/après la livraison. Ensuite, tracker les expéditions en cours et suivre jusqu’au dédouanement. Si le transport n’est pas pris en charge, nous devons trouver un transporteur et lancer des consultations pour avoir des offres pour enfin choisir la meilleure offre de transport.
Jusqu’à présent, je n’étais qu’à la fonction d’acheteur technique qui consiste à acheter tout matériel lié à la production, des prestations de services et des réalisations de projet. A présent, en tant qu’acheteur matière première et emballage, il faut dire que le processus n’est pas tellement différent, mais les achats sont 5 fois plus sensible, car les matières premières représentent le plus grand pourcentage en termes de dépense et les commandes sont parfois planifiées sur plusieurs mois, voire un an, en fonction de son importance dans la fabrication des produits et aussi des crises politiques ou autres qui pourraient influer soit sur le prix de la matière ou le fret et bien d’autres. Pour cela, les consultations sont assez ciblées, un sourcing est fait bien avant, une recherche sur les tendances du marché par rapport au produit recherché, un suivi du prix actuel et des potentiels montées ou baisse de prix. Pour finir, nous travaillons en amont avec la logistique, les stocks, la production et la planification pour livrer les commandes des commerciaux afin qu’ils puissent à leur niveau assurer la disponibilité des produits finis au client à temps.
– Les résultats attendus,
Les résultats recherchés par la hiérarchie sont tournés sur le traitement des demandes d’achat à temps, par traitement je parle des consultations jusqu’au bon de commande, et surtout le suivi des commandes en cours d’expédition en tenant rigoureusement compte des délais de potentielle rupture.
3. GLT: Qu’est-ce que cela représente en termes de volume d’activité Hebdo, Mensuelle et annuel ?
En termes de volume d’activité, je vais dire que le travail est assez énorme. On parle là d’une entreprise qui est aujourd’hui concurrente directe de Nestlé au Sénégal avec plus de 7 unités de production dont chocolat, bouillon en cube et en sachet, lait, sel, raffinerie d’huile, margarine et j’en passe. Aux achats techniques, plus de 300 demandes d’achats de pièces de rechange et de prestation de service en cours tout site confondu et pouvant atteindre 400 si l’on ajoute les frais généraux et les projets. Tout en tenant compte de la complexité de chaque demande. Et aussi pour les emballages et pour les matières premières, il y a une forte demande alors je pourrais dire que le volume d’activité à tous les niveaux est très élevé.
4. GLT: Pouvez-vous nous donner quelques indicateurs de mesure de la performance des opérations à l’international en import-export ?
Comme KPI, je pourrais en citer :
– Délais de traitement d’une demande d’achat jusqu’au bon de commande ; ce temps pourrait permettre de mieux apprécier les achats en revoyant les facteurs bloquant en interne dans le processus de validation,
– Evaluation fournisseur ; cette évaluation permettrait d’avoir un état clair sur les retards de livraisons fournisseurs ainsi que la qualité fournie par ces derniers.
– Taux de réactiver des départements : Cela permettrait d’avoir une vue globale et approfondie sur la réactivité de chaque partie prenante dans les prises de décisions directes comme indirectes,
– Taux de satisfaction client ; à travers ce taux, l’on pourrait avoir une idée plus ou moins précise de chaque client par rapport aux produits et de mieux s’armer avant tout éventuel changement,
5.GLT: Quels sont les défis à relever dans ce métier ?
Les défis à relever ;
– Le traitement des demandes d’achat à temps et en nombre,
– La livraison des matières premières, pièces de rechange… au bon moment et au bon endroit afin d’éviter des arrêts de production à tous les niveaux,
– Être informé des tendances du marché afin d’avoir une visibilité sur les nouveaux produits et ceux qui sont obsolètes…
– Avoir un bon sens de la négociation afin d’obtenir les meilleurs prix et des conditions de paiement à l’avantage de l’entreprise.
6. GLT: Avez-vous une idée de l’état du secteur de la logistique et des transports au Gabon ? Si oui, que pouvez-vous dire là-dessus ?
De ce que je sais, les pratiques sont révolues et les conditions de travail ne sont pas propices. Le Gabon a besoin de revoir toute l’organisation mise autour de la logistique et du transport. Notamment les routes qui sont un grand frein pour le transport des matières entre les villes, les nombreuses difficultés pour les transactions documentaires au niveau de la douane autant pour le port que pour l’aéroport. Je pense que toucher ces points stratégiques permettra une bonne avancée.
7.GLT: Comment voyez-vous l’avenir des métiers de la logistique et des transports au Gabon ?
Il y a du travail, beaucoup de travail car le Gabon a une diversité de richesses telles que l’or, le pétrole, le manganèse et autres… De ce fait, le secteur logistique et transport est un acteur majeur pour l’exploitation et la commercialisation de ces richesses. Alors, avec une situation politique stable permettant aux petites/moyennes/grandes entreprises locales de se développer, il pourrait y avoir plus d’emplois dans le secteur et tellement que la population gabonaise ne pourrait combler.
8.GLT: Que pensez-vous du site web Gabon logistics, vous permet-il d’être informé sur l’actualité de la logistique et du Transport au Gabon et à l’international ?
Je découvre ce site récemment et, comme j’ai pu le dire plus haut de ce que j’ai pu voir, il est d’autant plus que très intéressant. Auparavant, il n’y en avait pas, mais aujourd’hui cette très belle initiative nous permet de nous jeter à bord de la logistique de ce beau pays par des informations de qualité.
9. GLT: Quel est votre message pour la jeunesse africaine qui aspire à faire ce métier , en particulier aux jeunes diplômés tout en nous donnant votre mot de fin .
Ce que je pourrais dire afin d’encourager toutes ces personnes qui souhaitent faire ce métier, c’est de foncer sans hésiter. De s’informer, car c’est un métier constamment en évolution sur tous les points. Les méthodes utilisées il y a 10 ans en arrière ne sont pas les mêmes aujourd’hui. Tout devient informatisé et si l’on ne se documente pas assez, il serait difficile pour nous de faire la différence et même de se faire une place. Soyons passionnés et pratiquement avec amour.
Je tiens à dire un grand merci à la team GTL de m’avoir accordé cet entretien, c’est un privilège pour moi. Et j’espère que cela pourra aider mes frères et sœurs africains qui ont cette volonté de travailler dans ce secteur.