Au début du mois de juin, la Guinea Shipping Corporation a été réactivée après dix ans de mise en sommeil. Avec cet armement et les réserves de minerais de fer à sortir de Simandou, la Guinée pourrait exporter jusqu’à 14,5% de la capacité mondiale de minerais en 2026.
La Guinée Conakry dispose de réserves minérales importantes. Elle fait partie des premiers pays exportateur de bauxite depuis des années. La découverte il y a quelques années de réserves de minerais de fer à Simandou lui ouvre de nouveaux horizons sur le marché international.
Guinea Shipping Corporation : le réveil
La Guinée a fait le choix de disposer de son propre armement pour profiter des exportations de minerais à venir. Elle a créé au début des années 2010 une compagnie maritime spécialisée dans le vrac, la Guinea Shipping Corporation (GSC). Depuis lors, cet armement est en sommeil.
Une présence sur les sorties de minerais
La GSC s’affiche comme affréteur et gestionnaire de navires. « La réactivation de cette compagnie maritime s’inscrit dans la volonté du pays d’être présent sur la scène maritime internationale », indique un texte de la GSC. L’ambition de cet armement vise à être l’opérateur maritime des miniers de Guinée Conakry comme Vale et Chinalco. Dans un second temps, il souhaite pouvoir étendre son champ d’activité sur toute l’Afrique de l’ouest.
60 Mt par an de minerais
La Guinée Conakry intervient déjà sur le marché de la bauxite. L’attribution en 2019 des deux premiers blocs du champ de Simandou au consortium formé par SMB et Winning International devrait devenir opérationnel en 2026. L’exploitation de ces premières concessions devrait permettre l’exportation de 60 Mt par an de minerais de fer. Les deux blocs suivants porteront la capacité d’export de la Guinée à 110 Mt par an au global.
La Chine a investit
Les investissements chinois en Guinée n’ont eu de cesse de s’accroître. La Chine pèse 70% des importations mondiales de minerais de fer, selon une étude récente réalisée par le consultant britannique Drewry. Actuellement, les importations chinoises se réalisent majoritairement depuis l’Australie et un peu du Brésil. L’ouverture des deux premiers blocs en Guinée pourrait modifier le paradigme.
Changement pour le marché des vracs secs
En investissant en Guinée les chinois font de la géostratégie diplomatique et politique. Les relations diplomatiques avec l’Australie se dégradent. En 2019, la Chine a refusé de décharger un navire avec du charbon australien en raison des mesures d’interdiction contre le groupe de télécom chinois, Huawei.
L’autre principal fournisseur de minerais de fer de la Chine, le Brésil, a joué la carte de la diplomatie économique. Le géant minier brésilien Vale, a signé depuis quelques années un accord avec le groupe chinois Cosco pour l’exploitation des navires vraquiers de 400 000 tpl. Ces unités, appelées Valemax, sont exploitées par Cosco, pour certaines.
Le basculement du centre de gravité vers l’ouest
L’ouverture prochaine des mines de Simandou pourraient allonger les routes maritimes sur l’approvisionnement chinois en minerais de fer. En chargeant en Guinée Conakry et au Brésil plutôt qu’en Australie, les armements verront leur temps de transport s’allonger ? Une aubaine dans le contexte économique de ce secteur actuellement.
L’analyse du consultant britannique estime que le voyage entre la Guinée Conakry et la Chine allongerait de 50 jours l’utilisation des navires par rapport à un transport d’Australie vers la Chine. Une opportunité intéressante pour les opérateurs de Capesize.
Un port à Matakong
Ces scénarios sont envisagés avec une nuance à apporter. Aujourd’hui, entre Simandou et le port d’exportation, les moyens de transport n’existent pas. Pour que le minerai de fer soit exporté, il est nécessaire de construire les voies ferrées ou des moyens de transport adéquats pour acheminer le minerai de fer depuis la mine au port de Matakong.
Ce chemin de fer, le Transguinéen, voie de 650 km, reliera la mine au port. Selon les informations actuelles, cette ligne serait construite par China Railways Construction Company et financée par le consortium SMB. Ce sujet a été à la Une en fin d’année dernière sans qu’aujourd’hui la signature de contrats soit effective.
Source: portsetcorridors.com