Libreville le 29 novembre 2021 (Gabon Logistics et Transport). Le suivi des stocks stratégiques et plus particulièrement les stocks de produits de premières nécessités, capitale pour la survie des Gabonaises, ne semblent malheureusement pas faire objet, à l’heure actuelle, d’une maîtrise certaine par nos décideurs publics. Une négligence et une suspicion d’incapacité qui n’ont pour seul effet que de plonger davantage les populations dans une situation économique et sociale de plus en plus difficile.
La crise sanitaire de la covid-19 continue de mettre à nue et de révéler à plusieurs pays africains leurs limites et failles dans la gestion de leurs chaîne logistique au plan national et même à l’international. Et dans ce contexte fragile, le Gabon ne fait pas figure d’exception. Pour preuve, au cours de la conférence de presse, du mercredi 17 novembre dernier, le porte-parole de la présidence de la République, M.Jessye Ella Ekogha a relevé que l’Etat a accordé une autorisation spéciale d’importer 3000 tonnes d’huile de palme.
Une décision des plus hautes autorités, qui met en relief plusieurs situations et fait constater plusieurs absences et manquements. D’abord, celle de la baisse de la production nationale d’huile, des spéculations par l’augmentation des prix de nombreux grossistes et opérateurs économiques indélicats ( un bidon de 5 litres vendu aujourd’hui à 7500 Fcfa dans les marchés contre 4500 fcfa). Une décision qui vise en outre à ravitailler le pays, à mettre fin à la carence en production locale tout en stoppant la hausse du prix de l’huile.
Une décision louable pour certains, mais qui conduit la rédaction de Gabon Logistics et Transport (GLT), professionnels dudit secteur à se poser plusieurs questions de fond sur la gestion de nos stocks stratégiques, principalement celle des produits de premières nécessités au Gabon. Prenons comme exemple la logistique militaire. Est-ce au moment de la guerre qu’il faille s’approvisionner en munitions auprès de nos fournisseurs d’armes ? Ou faut-il plutôt penser à inventorier avant et suivre le matériel de guerre en temps de paix pour avoir une idée des armes et des munitions accessibles et disponibles à tout moment de l’année pour faire face à l’ennemi en cas d’une attaque ?
Sans risque de nous tromper, il existe au Gabon des textes de lois qui réglementent d’une part les prix et d’autre part les stocks de produits de première nécessité. Nous avons la loi n°29/63 du 15 juin 1963 portant réglementation des prix en République Gabonaise et la loi n°1/77 du 4 juin 1977 réglementant les stocks en République Gabonaise qui « exigent aux opérateurs économiques qui vendent les produits, aux importateurs et distributeurs de se constituer des stocks mensuels de trois mois au moins pour éviter les pénuries récurrentes sur le marché national, engendrées par les faibles niveaux de disponibilité de nombreux produits alimentaires ».
Ces lois sont-elles tombées en désuétude ? Qui s’assurent réellement du suivi et de leurs applications sur le terrain ? Ou est-ce peut-être encore au chef de l’Etat de faire appliquer les lois sur le terrain ? Que font exactement les tutelles et les hauts cadres nommés pour effectuer ce travail, que font-ils réellement à longueur de journée dans leurs prestigieux bureaux ?
Comment comprendre aujourd’hui, que malgré de nombreux investissements dans le secteur agroalimentaire, l’implantation des plus grandes entreprises dans le secteur au Gabon, pour booster la production d’huile, cela ne suffit toujours pas à satisfaire, au bon moment, au bon endroit, en quantité et qualité voulue, la demande croissante des Gabonais en produits de première nécessité comme l’huile de cuisine ? Quid de l’apport d’Olam ?
Oui, Il y a certes une crise sanitaire mondiale, mais la covid-19 est-elle maintenant responsable de tous les maux sociaux-économiques qui pourtant relèvent des simples principes de la planification, de gestion de la demande, de gestion des achats, des approvisionnements, de la gestion des stocks , du transport, de l’accessibilité et de la disponibilité des denrées alimentaires auprès des populations ?
Gérer c’est prévoir, avouons nos incompétences et mettons les ressources ou il faut, là ou il faut, pour sortir le plus vite possible le pays de cette crise économique et sociale dans laquelle il s’enfonce de jours en jours.
L’importation de 3000 tonnes d’huile est-elle un aveu d’un système logistique alimentaire national non maîtrisé ? En l’état actuel des choses nous pouvons légitimement nous poser la question.