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lundi 9 décembre 2024

La zlecaf pour une intégration de la production

Sachant que la phase de libre échange suffit pour assurer l’intégration de la production, la ZLECAF pourrait constituer une opportunité.

En Afrique, parmi les raisons qui expliquent la nécessité d’une intégration figure la balkanisation du continent (morcellement territorial à partir de la conférence de Berlin (1884-1885).

D’une part les états africains cherchent à se retrouver mais d’autre part l’ancien colonisateur a jugé nécessaire de les pousser à se regrouper pour remettre en valeur ses colonies.

Les pensées ou réflexions appelant dans le sens d’une certaine intégration africaine ont commencé avec les anciens : Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia, Barthelemy Boganda, Cheikh Anta Diop.

Et tout récemment, il y’a eu l’ancien président Abdoulaye Wade avec le plan OMEGA, puis Abdelaziz Bouteflika, Olusegun Obasanjo et Thabo Mbeki avec leur plan MAP (Millenium African Plan). Ces deux plans réunis ont donné naissance au NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique).

L’intégration économique est un ensemble de politiques économiques communes dans les domaines commerciaux, financiers, économiques  mises en œuvre par des communautés économiques pour le compte des états.

Elle se présente sous des formes différentes selon les pays concernés et se caractérise par:

  • une liberté totale entre pays membres,
  • une certaine division du travail qui constitue la base des échanges,
  • une discrimination à l’encontre des pays tiers,
  • un renforcement des relations commerciales,
  • une réduction de la pauvreté,
  • une fluidité des échanges intra-africains,
  • une harmonisation des politiques commerciales.

On rencontre actuellement 2 formes d’intégration économique : l’intégration des marchés et l’intégration de la production.

L’intégration des marchés a comme aboutissement la création d’un marché unique par la fusion des marchés des pays membres et chaque état conserve son autonomie totale dans le domaine de la production.

Il existe plusieurs types d’intégration des marchés:

  • la Zone de Préférence Douanière (ZPD) : les droits de douane sont abaissés et pas supprimés ;
  • la Zone de Libre Echange (ZLE) : les droits de douane sont supprimés ;
  • l’Union Douanière (UD) : les droits de douane sont supprimés et il y’a un schéma de libéralisation des échanges qui s’articule autour d’un tarif extérieur commun (TEC), d’un régime tarifaire préférentiel des échanges (TPE) et d’un régime tarifaire préférentiel communautaire (TPC);
  • le Marché Commun (MC) : repose sur deux piliers :

– libre circulation des marchandises (biens et services),

– libre circulation des facteurs de production ;

  • l’Union Economique (UE) : c’est l’étape suprême de l’intégration des marchés avec un marché commun et une monnaie commune dont ils partagent la responsabilité de la gestion.

Il y’a eu de nombreuses tentatives d’intégration avec beaucoup d’échecs et quelques réussites  même si des pays ont tiré profit de ces regroupements coloniaux du fait d’un développement inégal entre pays côtiers.

 Exemple de tentatives :

  • la RDA (rassemblement démocratique africain) en 1946,
  • la Fédération du Mali en 1959,
  • Union Ghana, Guinée, Mali dissoute avec la création de l’OUA (Organisation de l’unité africaine),
  • le conseil de l’entente en 1959,
  • le groupe Brazzaville ou de Monrovia devenu OCAM (organisation commune africaine et malgache) avec le Madagascar,
  • le groupe de Casablanca, Union Ghana, Guinée, Mali, Maroc, Mauritanie dissoute avec la création de l’OUA.

Les raisons des échecs de cette forme d’intégration sont :

  • Une mauvaise imitation du modèle européen : c’était une erreur de vouloir transférer le modèle européen en Afrique ;
  • Une absence d’intégration physique : le transport est inexistant (même pas de rails), les télécoms sont défectueux ;
  • Une absence  d’information commerciale : l’information ne circule pas ;
  • Une absence d’industrie motrice (mécanique ou chimique) ;
  • Une absence d’intégration monétaire : y’a plusieurs monnaies non convertibles entre elles ;
  • Une absence de volonté politique : signature de traité sans volonté de les ratifier ;
  • Une hantise du développement inégal : ce que gagne l’un est perdu par l’autre ;
  • Un Défi à la rationalité économique : prolifération des organismes d’intégration et de coopération ;
  • Des pesanteurs externes : concurrence déloyale avec l’extérieur.

Le constat est que les états africains sont loin d’être prêts à consentir des abandons de souveraineté. Les marchés n’ont pas été intégrés et la plupart des états n’ont pas atteints le niveau de développement voulu.

L’intégration de la production repose sur une division systématique du travail au niveau des pays membres et il y’a un système de coproduction c’est-à-dire qu’une branche d’activité est exploitée de manière conjointe par deux ou plusieurs pays partenaires.

Afin de la réussir, il faudrait au préalable faire de l’union africaine une unité supranationale pour :

  • coordonner les activités économiques,  politiques, juridiques et militaires ;
  • être  l’interlocuteur du marché africain et le connecter aux autres marchés du monde ;
  • regrouper et coordonner certaines activités des ministères d’envergure: les ministères  du commerce, d’industrie, et d’artisanat ; les ministères pêche, agriculture, élevage ; les ministères de l’économie et des finances mais aussi les chambres de commerce etc avoir une chambre de commerce africaine ;
  • assurer  une division systématique du travail en appliquant la théorie de David Ricardo en permettant ou en appuyant certains états à mieux asseoir leur suprématie sur des domaines ou ils ont un avantage comparatif certain ;
  • réaliser tout ce qui est infrastructure afin de relier les états entre eux (construction des routes, des rails, des ports secs pour désenclaver certaines régions),
  • mener des politiques communes:
  • dans le transport maritime (avoir une compagnie maritime africaine avec tout ce qui est armement),
  • en mettant sur place un conseil africain des chargeurs,
  • dans le transport ferroviaire (par la construction de rails et de trains),
  • dans le transport routier (par la construction de route)
  • dans le transport aérien avec une compagnie aérienne africaine,
  • une monnaie commune avec une banque centrale africaine,
  • une compagnie d’assurance africaine,
  • une armée africaine pour la sécurité et le maintien de la paix,
  • dans les télécoms, les agropoles, les zones industrielles, les parcs d’activités économiques, construire des hôtels, des habitats sociaux…
  • Organiser des coopérations sectorielles ou une branche d’activité pourrait être exploitée de manière conjointe par les états qui ont une certaine affinité géographique ou qui sont partenaires :
  • dans la santé (formation, laboratoire, pharmacie, fabrication de médicaments et d’appareil médico-chirurgicaux…),
  • l’éducation (création de grandes écoles de formation professionnelle, d’université pour encourager la recherche …),
  • l’énergie…
  • Booster la production en créant des centres commerciaux, et des bourses de valeurs mobilières ;
  • Développer davantage les grands marchés hebdomadaires pour le commerce intra africain et satisfaire la demande à l’interne ;
  • Créer l’harmonie entre les économies des peuples.

En somme l’intégration des marchés semble être mieux utilisée dans les économies régies par le mode de production capitaliste, alors que dans les économies de type socialiste comme en Afrique, l’intégration de la production pourrait être  adaptée d’autant plus que les marchés ne seront pas en position de concurrence.

Par Sekhou SOUMARE économiste, spécialiste en douane.

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